Rénover plutôt que construire : quels avantages, quelles contraintes ?
Rénover plutôt que construire : quels avantages, quelles contraintes ?
Rénover un bâtiment existant permet notamment de limiter l’impact carbone du projet et de réaliser des économies substantielles (ressources, énergie, etc). Cette option nécessite toutefois une attention particulière avant le lancement d’une opération immobilière.

Rénover plutôt que construire : quels avantages, quelles contraintes ?

Rénover un bâtiment existant permet notamment de limiter l’impact carbone du projet et de réaliser des économies substantielles (ressources, énergie, etc). Cette option nécessite toutefois une attention particulière avant le lancement d’une opération immobilière.

A priori, la cause est entendue : il vaut mieux rénover de l’ancien que construire du neuf. Selon l’Agence de l'environnement (Ademe) , la construction d’un bâtiment de logements nécessite entre 40 et 80 fois plus de matériaux qu’une opération de rénovation. L’agence a calculé que la construction d’une maison individuelle consomme en moyenne 1,2 tonne de matériaux au mètre carré, soit 40 fois plus que pour une rénovation. Pour un bâtiment de logements collectifs, il faut compter en moyenne 1,6 tonne de matériaux pour 1 mètre carré.

Outre la réduction de la consommation de matériaux, la rénovation permet également de limiter fortement la production de déchets  de démolition, sans toutefois l’éviter totalement : l’Ademe estime en effet que l’application de la norme Bâtiment bas carbone (BBC) de l’ensemble du parc de logements en France d’ici 2050 va impliquer de retraiter 115 millions de portes et de volets, ou encore 118 millions de fenêtres d’ici à 2050...

Réduire la consommation des ressources naturelles


De même la déconstruction devient une étape importante : un raccourci est créé pour gérer la dépose et le nettoyage des matériaux que l’on souhaite récupérer pour un nouveau chantier de construction ou de rénovation .
La construction exige de très importantes quantités de matériaux minéraux - 95% des tonnages. Parmi ceux-ci, le sable représente à lui seul plus de 30%. Or, partout sur le globe, cette ressource s’amenuise. Essentiellement prélevées dans la mer, les réserves de sable pourraient disparaître avant le milieu de ce siècle, avec à la clé des catastrophes écologiques sans précédent.

En limitant le recours aux ressources naturelles, la rénovation s’inscrit pleinement dans les ambitions de réduction de l’empreinte carbone  du secteur du bâtiment tout en améliorant la performance énergétique des bâtiments. Exprimé plus concrètement, rénover un immeuble de 20000 m² construit dans les années 1970, c’est pouvoir capitaliser sur autant de mètres carrés de béton existant, dont l’impact carbone est déjà « amorti » !

D’autres leviers peuvent être envisagés comme, le recours à des matériaux biosourcés  qui encourage le développement de filières de production beaucoup plus respectueuses de l’environnement. Ou encore, l’utilisation de matériaux de réemploi , qui offre la possibilité de donner une deuxième vie à certains éléments du bâtiment rénové, ou d’autres provenances via des fournisseurs spécialisés.

Limiter l’artificialisation des sols

La construction neuve engendre une artificialisation des terrains qui ne se limite pas au bâti : réseaux d’eau et d’électricité, routes et infrastructures pour desservir les nouveaux bâtiments, etc.

Cette consommation des réserves foncières implique également un étalement urbain plus ou moins prononcé en fonction des choix de construction (logements collectifs ou maisons individuelles). Avec pour conséquence une recrudescence de la mobilité des habitants, toujours plus éloignés des centres-villes et des lieux de travail.

Cette pression foncière se fait au détriment de terres souvent cultivables, dont 20000 hectares disparaissent chaque année. Un déficit à mettre en perspective avec les enjeux d’indépendance alimentaire posés par le changement climatique et les crises géopolitiques actuelles et à venir...

Réaliser des économies sur le coût d’usage

Un bâtiment rénové offre a priori moins de possibilités d’économie d’énergie qu’une construction neuve respectant les meilleurs standards de l’isolation thermique. Mais les professionnels savent toutefois tirer le meilleur parti des solutions existantes : fenêtres à triple vitrage, doublage des murs en façade, chaudières et réseaux de chaleur très efficients, ou encore éclairage led sont autant de moyens de transformer une « passoire thermique  » en bâtiment plus vertueux.
Bien menée, la rénovation d’un bâtiment ancien impacte très directement son coût d’usage. Les économies réalisées sur la consommation d’énergies toujours plus coûteuses riment par ailleurs avec un confort de vie accru pour les habitants et les usagers.

Des contraintes à anticiper pour limiter les impacts négatifs

Si la rénovation présente bien des avantages sur la construction, elle n’est toutefois pas sans contraintes. Au stade de l’étude et de la conception du projet, certaines faisabilités techniques et financières peuvent être complexes à envisager.

Ainsi, le chantier d’un ensemble de bâtiments à rénover, ou d’une construction neuve, en centre-ville va devoir composer avec son environnement : gestion des nuisances sonores et de circulation, approvisionnement, techniques d’échafaudage, etc.

Si les bâtiments sont occupés, il faut également gérer le planning des opérations par roulement pour limiter les mouvements des utilisateurs, voire envisager un déménagement total le temps des travaux.

Enfin, les propriétaires des lieux doivent également être sensibilisés voire rassurés sur une perte la plus mesurée possible de leurs revenus, en fonction des solutions choisies tout au long de l’opération.



L’avis de l’expert : Claire Ventejou, responsable transition, climat et innovation

« Rénover, c’est la solution la plus efficace pour réduire l’empreinte carbone de l’immobilier. C’est aussi contribuer à l’amélioration de logements existants tout en réalisant des économies pour les propriétaires et les habitants. Menés au cœur de la ville, ces projets de rénovation tirent souvent parti d’un geste architectural ambitieux et ont un impact fort en termes d’image. Enfin, ils participent à une redynamisation des centres-villes et au tissage de nouveaux rapports sociaux. Ces enjeux sont bien sûr complexes, mais aussi très motivants pour un acteur impliqué comme Crédit Agricole Immobilier. »

Rénover plutôt que construire : quels avantages, quelles contraintes ?
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